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La rédaction

dimanche 19 août 2007

Une Aventure au Canada, partie deux [On aime]



Stéphane nous raconte son voyage en Amérique spécialement pour notre semaine Rétro-Américaine

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Dégoûté par la dérive mercantile du site, j'errais quelques heures dans cette ville indigeste aux allures de centre commercial à la sauce foraine et je retournais attendre le car qui devait me ramener à la maison.
Le bus qui venait de Toronto arriva à l'heure. J'avais pris le même dans la matinée et il me revenait en mémoire cette affaire de SRAS. A Paris, j'avais croisé des personnels d'aéroports portant des masques et visiblement craignant l'épidémie de SRAS qui touchait le continent asiatique et quelques grandes villes cosmopolites comme Toronto, mais pas Paris (hormis quelques cas dûment répertoriés et isolés). Ici personne ne semblait s’alarmer à cause de cette maladie. Allais-je m'asseoir sur un microbe en m'installant dans le bus ? Quelle aventure !
Le retour se passa sous un ciel grisâtre. Je craignais toujours d'avoir quelques ennuis à la frontière. Me laisserait-on passer sans problème ? J'étais en règle, mais avec tous ces contrôles supplémentaires à cause des risques terroristes, j'avais quelques inquiétudes. Et puis, étant Français et compte tenu des animosités diplomatiques de l’époque, j'avais peur de subir quelques entourloupes.
A Fort Erié j'apercevais une bande de terre au bord du lac sur laquelle flottaient, en haut de longs mats, des drapeaux Canadiens et Anglais, évocation du Commonwealth. Puis, dans l'autre sens, je traversais le pont reliant les deux rives et menant aux Etats-Unis. Je n'avais jamais eu la sensation aussi concrète de me situer sur une frontière. J'étais au centre du No Man’s Land.
La douane américaine se rapprochait. En lettres géantes, fières et presque provocantes, il était écrit NEW-YORK, THE EMPIRE STATE. Je fis la queue et je passai juste après un type qui avait l'air de venir d'Europe de l'Est ou de Russie. Je l'entendais dire avec un accent digne des films sur la guerre froide qu'il ne comptait rester que quelque temps. Le fonctionnaire qui me reçu, moi debout, lui assis derrière son hygiaphone, se saisit de mon passeport. Habillé avec un uniforme sombre de type policier, il me demanda tout d'abord abruptement quand est-ce que je comptais retourner au Canada. Je lui répondis calmement que je n'y retournais pas puisque j'étais Français. Il me reposa la question, puis la répéta visiblement plus énervé. Je commençais quelque peu à paniquer. Allais-je me retrouver jeté hors des USA ? Devrais je rester au Canada ? Je devais reprendre mon avion dans 3 jours, aux Etats-Unis ! Comment le rattraper depuis Fort Erié ? Mes affaires étaient à Cleveland ! Je me rendais compte que je n'avais rien pour prouver que j'étais déjà passé à ce poste frontalier le matin. Le tampon canadien était assez flou et on distinguait mal la date.
Le ticket de bus ? Le système américain est un ensemble de billets reliés entre eux et pliés en accordéon. Le chauffeur découpe à chaque étape la partie qui lui correspond, et ceci tout le long du voyage. A la fin il ne reste plus que ce qu'il reste à accomplir et l'on ne peut pas savoir d'où l'on vient. Il y avait dans mon passeport un carton agrafé à New-York, deux semaines auparavant. Est-ce que c'était suffisant ?
Il y avait bien un petit bout de carton provenant d’un questionnaire que j’avais dû remplir dans l’avion en arrivant à New-York, quinze jours plus tôt. Ce léger document accroché à mon passeport n’était-il pas suffisant ?
Je pris mon courage à deux mains et je fis tout pour expliquer au fonctionnaire que j'étais Français, que j'habitais à Paris, que j'étais venu visiter famille et amis aux USA et que je devais prendre mon avion Mardi, Tuesday. Il fouilla mon portefeuille, me questionna sur une adresse annotée sur un bout de papier déchiré – les coordonnées d'une américaine rencontrée dans le car. J'avais enfin la présence d'esprit de lui tendre le papier propre où était clairement imprimée l'adresse de mon cousin à Cleveland. Que faisait mon cousin à Cleveland ? Quel métier ? Dans quelle entreprise ? Où était mon billet d'avion pour la France ? Bien sûr, je l'avais laissé à Cleveland, dans mon sac de voyage. Le douanier s'agitait sur son siège. Puis finalement il me demanda plusieurs fois quand je partais. Mardi. Tuesday ? Yes, Tuesday. C'était bon, il me laissa filer. Je me sentais un peu mieux. Il ne me restait plus qu'à passer ma besace à la fouille. Trois américains ouvrirent mon petit sac à dos et en extirpèrent tout le contenu avec des gants. Il y avait un appareil photo, une pellicule neuve dans sa boîte noire (qui fut ouverte) et un livre de Stephen King, « Cœurs perdus en Atlantide », dans sa version française, un très bon livre, plus fantastique que science-fiction. L'un des hommes me demanda où j'allais. Cleveland. Il désigna un de ces collègues en riant. Le gars venait de Cleveland. Il sourit également. Puis on me rendit mes affaires.
Un peu plus tard, je prenais ma correspondance à Buffalo. C'était un classique car gris métallisé Greyhound. En quittant le quai un feu d'artifice éclata au loin. Les passagers le voyaient très bien. tout le monde s'esclaffa que la ville de Buffalo fêtait notre départ ! Je n'ai pas réussi à bien comprendre quel était l'évènement qui déclenchait ces fusées multicolores. C'était sans doute une cérémonie locale ou un championnat de football.
En s'éloignant dans la nuit à présent tombée, je regardais défiler les lumières de la rectiligne autoroute américaine. J'avais passé une drôle de journée, mais j'en garderai éternellement des souvenirs inoubliables.
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Stéphane Curet
6 Août 2004
Révision août 2007

Merci pour tout stéphane ! Son site est lié au notre allez y ! "l'avenir du futur"

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3 commentaires:

Anonyme a dit…

Ahlalala des histoires comme ça je passerai tout mon temps libre à les lire !!
Qui plus est j'adore votre style.
Je crois que n'importe qui dans un pays étranger s'inquiéte lorsqu'il passe un controle. Aprés tout ce n'est pas notre place, mais bon c'est un fait il y avait aussi le contexte, l'Amerique et tout ses problémes.

Encore une fois merci Stéphane pour votre histoire, si merveilleusement bien relatée !

Anonyme a dit…

Merci beaucoup pour ce compliment qui me touche profondément !

Anonyme a dit…

Pauline, sans vouloir vous détourner d'one word two words, n'hésitez pas à me dire ce que vous pensez des textes que je publie sur mon propre blogue, même s'ils sont totalement dans un autre contexte.
J'ai beaucoup apprécié vos compliments !